Ô mort ! Où est ton aiguillon ? (Corinthiens 15:55)... Cela résonna brutalement dans ma mémoire, va savoir d'où m'est venu ce cri si victorieux ? Pourtant mon coeur n'arrête pas d'être endeuillé...
Dans mes balades solitaires tournant en rond dans les galeries de l'hôpital, je ne peux m'empêcher de sourire devant l'explosion du printemps... De petits arbres fruitiers poussent vaillamment leurs bourgeons, les cerisiers japonais comme d'habitude en avance avec le rose éclatant de leurs fleurs délicates, tout cela sonne comme une vengeance de la vie sur la mort.
On célèbre les Pâques de plusieurs confessions, c'est pas pour rien qu'on a choisi le printemps. Finalement l'homme et la nature (mais pourquoi les séparer puisqu'on fait un tout ?!) mettent les pendules à l'heure. Pour un bref moment hélas !
La seule vérité qui nous est accessible c'est le perpetuum mobile... La mort ne s'avoue jamais vaincue, son seul privilège...elle y tient la garce...
Pourtant chaque printemps on plie le genou pour remercier le Dieu de tous les pouvoirs, son sacrifice et sa résurrection.
Les bourgeons reviendront encore et encore... Ô mort, où est ta victoire ?

En ces temps qui ne sont pas le temps d'Achille ni de Hector mais le temps d'Attila, notre besoin de nous appuyer sur les épaules rassurantes d'un héros se fait cruellement sentir...
Que c'est beau tout ce déferlement d'hommages, de fleurs, bougies, messes et manifs... Le désir d'être ensemble dans une communion de sentiments... Malgré des petits (ou pas ?) couacs par ci par là...
Ne nous posons plus tant de questions...mais un seul souhait : pourvou que ça doure...la maman de Napoléon avait de justes intuitions...

N'est pas si mort que cela... Je ne trouve pas des mots ni des idées pour couvrir l'abysse des événements. Je pense, je crois que par dessus tout un être humain a besoin de spiritualité. Or ici on a tout mais absolument tout fait pour écarter ce besoin. Cela fait des décennies qu'on s'employe à démolir par des raisonnements souvent absurdes les bases millénaires où on pouvait prendre pied.
Par les trous de la raquette -expression qui en soi démontre notre esprit volatile - il y a eu des infiltrations. Vous avez tous au moins une expérience avec ce genre d'accident. Ça reste longtemps invisible, petit à petit une tache pas très esthétique prend son quartier et en douce un jour il y a inondation. Que faites-vous ? Catastrophés on appelle les pompiers....ou si c'est grave les gendarmes.
Selon une nouvelle tradition ils sont accueillis par des pierres et des insultes. On les tient pour coupables de cette fichue déferlante. Je vous le dis crûment :on est des cons....
Et par miracle, l'histoire nous ménage des fois une de ces surprises, Achille ou son frère apparaît dans le décor. Tout change, un miracle vous dis-je...UN HÉROS... On en a tellement perdu l'habitude de voir un en vrai (on les trouve au ciné mais là on sait que c'est du bluff) qu'il nous faut un temps de réveil pour le reconnaître. Oui, il est là en chair et en abnégation, l'altruisme collé aux chevilles.
Il le paye de sa vie comme de bien entendu. Et vous savez quoi ? On ne sait pas répondre... Fleurs, discours et marche blanche, émouvant, presque fédérateur. Un temps... Et puis ?
Ce HÉROS identifié et honoré qui suivra ses pas victorieux ? Parce que sa victoire il l'a eu. Plus fort que son bourreau criminel et imbécile, il a donné un sens noble, presque de sainteté à son existence.
Puisse-t-il laisser la porte ouverte...Qui sait ? Suivront des vrais fils ou des épigones ? Faisons pour une fois des voeux...

C'est peut-être l'âge, ou pas... Je l'avais déjà sorti de mon sac à idées : la société évolue peut-être dans plein de directions, le seul sens interdit est le dialogue. Le vrai, celui où on écoute vraiment l'autre... Non, on choisit presque toujours la violence de l'affrontement, quitte à y perdre des plumes.
Le hic est que la violence on sait quand elle commence, point de certitude sur le lieu d'arrivée. J'ai maintes fois entendu la rengaine : c'est comme cela qu'on avance, faut secouer le cocotier. Le nombre de noix de coco qu'on reçoit en pleine tronche n'est pas comptabilisé.
A force de ne plus utiliser la raison elle s'étiole, se rabougrie, joue à cache-cache. Et nous voilà repartis pour quelques tours jusqu'au tournis. En soulevant dans ces tourbillons les pierres de l'Édifice.
Ne vous plaignez pas alors d'être à la rue !

Revoilà le goût du scandale qui hante toutes les mass media ! Mais creusons, creusons ou alors survolons "les affaires": cui prodest ? A la moralisation à tout va qui est brutalement montée à l'assaut de tous les maux archiconnus et vieux comme le monde répondent à l'unisson nos institutions zélées.
Que voulez-vous, c'est la mode venue d'outre atlantique, cela les prend par vagues... prohibition, harcèlement, révolte estudiantine, à chaque époque son cinéma ....
On est comme cela par ici, on déteste l'Amérique et on veut tout d'elle mc donald's y compris. On est des sacrés fieffés, hein ?