anastasia
Je refuse
Le 25/01/2024
Mon corps entier est en plein déni. Le lever cela ressemble et c’est hilarant au lever du Roi. J’ouvre les yeux et je cherche du regard mes fantômes. Des fois ils sont là et la journée est bonne. Pas seule donc. Je peux avancer vaille que vaille pour la finir Dieu sait comment.... En souffrance sûrement, avec ou non le support de ma bonne rasade de vodca. D’autres fois c’est un supplice. Oh, un petit.... je n’arrive pas à m’endormir, les jambes commencent à singer les pantins, le chaud et le froid m’attaquent de partout, bref, une minuscule préfiguration de l’enfer -s’il en existe un.
La lucidité ne m’a pas encore quitté, je sais ce que je vis et comment je suis en arrivée là. Le plus insupportable c’est le manque. D’abord des miens, mes complices, mes alter egos. Inutile de urler ma douleur, mes manques, c’est stupide et enfantin.. Comment faire pour remplir au moins un de ces vides ?Auriez-vous une idée? Solution salutaire ? J’en connais une mais je vais y faire appel le plus tard supportable. Par lâcheté ? Par espoir insensé que le merveilleux est encore possible ?Courage ma poule, t’es vraiment d’un commun avec tes jérémiades....
La lucidité ne m’a pas encore quitté, je sais ce que je vis et comment je suis en arrivée là. Le plus insupportable c’est le manque. D’abord des miens, mes complices, mes alter egos. Inutile de urler ma douleur, mes manques, c’est stupide et enfantin.. Comment faire pour remplir au moins un de ces vides ?Auriez-vous une idée? Solution salutaire ? J’en connais une mais je vais y faire appel le plus tard supportable. Par lâcheté ? Par espoir insensé que le merveilleux est encore possible ?Courage ma poule, t’es vraiment d’un commun avec tes jérémiades....
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Faites des enfants !
Le 20/01/2024
Injonction qui vient un peu de partout, démographes et politiques. Nécessité, urgence absolue. Forcément j’acquiesce ! Que vois-je pourtant ? Des jeunes couples que le mariage rebute mais pas les sorties en boîte ni les vacances exotiques. On n’a plus la patience de sortir le chien, alors changer des couches, sacrifier des nuits, plus encore des carrières, se dévouait à un petit bout de chou, pensez-vous, il n’en est pas question. Ou si peu....
Une civilisation qui s’ecroule en riant, ouverte à tous vents , le cœur en chou-fleur pour qui la sollicite tout en pestant contre l’intrus- voilà le spectacle qu’on offre mes amis. Sciemment ou non. De la fin de l’histoire c’est presqu’interdit d’en parler. Va, on ne perd rien pour attendre ....Pour moi c’est cuit de toute façon.
Une civilisation qui s’ecroule en riant, ouverte à tous vents , le cœur en chou-fleur pour qui la sollicite tout en pestant contre l’intrus- voilà le spectacle qu’on offre mes amis. Sciemment ou non. De la fin de l’histoire c’est presqu’interdit d’en parler. Va, on ne perd rien pour attendre ....Pour moi c’est cuit de toute façon.
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YOGA et SURRÉALISME
Le 13/12/2023
Deux mots m’agaçant au plus haut point ! ( Là j’exagère, il y en a plein d'autres). De leurs origines il n’y est plus question ! Toute activité physique qui tend par des moyens diversifiés souvent contradictoires à améliorer nos manières locomotrices prend l’appellation de Yoga (yoga des yeux, yoga du visage, du dos, des pieds, des intestins, en veux tu en voilà) occultant sa signification primaire qui est une philosophie et un art millénaire de vivre, de mourir aussi. Qui pour préciser sévit en Orient et n’a rien en commun avec nos singeries ( permettez la boutade) occidentales. Encore un moyen de masquer nos ignorances en les fructificant en monnaies sonnantes et trébuchantes. Pas envie de m’attarder là dessus.
Surréaliste, encore un train de conneries lancé à pleins tubes ! Tout ce qui nous surprend, ce qu’on ne connaît pas, on ne comprend pas, toute chose expression ou événement imprévu est taxé de surréaliste ! Ah ! Ces intellectuels raffinés qui font du yoga effarouchés par les aléas de la vie, leurs méninges explosant de bêtise, ça serait vraiment surréaliste !!!!
Surréaliste, encore un train de conneries lancé à pleins tubes ! Tout ce qui nous surprend, ce qu’on ne connaît pas, on ne comprend pas, toute chose expression ou événement imprévu est taxé de surréaliste ! Ah ! Ces intellectuels raffinés qui font du yoga effarouchés par les aléas de la vie, leurs méninges explosant de bêtise, ça serait vraiment surréaliste !!!!
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Je ne suis pas née française
Le 30/11/2023
Je le suis devenue. Un long cheminement qui a mis des années à parachever ce que je ressens maintenant. Pour nous venant de l'est de l'Europe, c’est à dire pour les français venant des pays totalement inconnus mais supposés soit opprimés soit opprimants la trajectoire fut très, alors très longue et évidemment particulière à chacun.
Pour moi cela commençant un hiver, en 1954 plus précisément. À Bucarest, ma ville natale, qui connut cette année-là un hiver mémorable par sa dureté.
Donc, ma famille ayant décidé qu’il était grand temps d’apprendre une langue étrangère - tradition oblige - qui devait naturellement être le français, chercha parmi nos connaissances un professeur adéquat. Et voilà débarquée dans mon univers culturel restreint Tante Violette. C’était une dame d’un âge indéfinissable, certes pas jeune ni vieille non plus, gentille, polie, enfin bien sous un nombre suffisant de rapports pour convenir aux critères admis par notre antourage. Il y avait pourtant un hic et non des moindres. Malgré son insistance à nous répéter qu’elle avait dans sa jeunesse étudié le français à la Sorbonne, ce qu’elle m’a laissé comme bagage linguistique fut plus que mince. Donc, rapidement exit Tante Violette ( on ne saura jamais pourquoi elle tenait à ce prénom, on avait bien compris qu’elle était pleinement autochtone et ne s’appelait aucunement Violette. Je n’oublierai jamais- les enfants sont cruels et ont un sens critique bien aiguisé- ses maigres cheveux grisonnants finissant vers les pointes en une ancienne et défraîchie teinture jaunâtre qu’elle essayait de serrer dans un chignon mal noué. Pauvre Tante Violette, Dieu seul connaît sa vraie histoire et sa fin sans doute tristounette. )
Revenons à l’hiver de 1954. Pour l’enfant que j’étais la neige couvrant chaussée et trottoirs fut une bénédiction. L’école mise en vacances forcées, patinoires gratuites dans les tranchées que tous les
locataires furent obligés de frayer dans l’amas de deux mètres de neige devant chaque immeuble sous peine d’amende salée. Le bonheur d’en profiter nous mettaient les joues en feu et les mains gelées, qui s’en souciait ?
Et voilà que mes parents zélés de me trouver illico une remplaçante à la fameuse Tante Violette m’envoyèrent par ce
temps hostile à quelques stations de tram - une pénible aventure parce que non désirée- voir une autre dame prof qui avait une solide connaissance de la langue française. À un enfant, c’est connu, on ne la fait pas. Ma vigilance en éveil j’avais vite compris que cela l’emmerdait ferme de me prodiguer avec moult patience les rudiments par lesquels j’étais supposée aborder cette merveille de montagne qu’est la langue de Molière. Cependant, pareil à toute la société d’ascendance bourgeoise elle vivotait chichement et essaya par tous les moyens de m’insérer dans la meute plutôt mince de ses élèves. Je pense souvent à cette frêle dame dont j’ai oublié le nom. Une impardonnable ingratitude. Qu’elle soit bénie dans le paradis des profs qui ont su ou non , peut-être par intuition, comment donner à une enfant le désir de s’approprier une langue, une culture, l’histoire d’une contrée lointaine. Par paresse ou lassitude que sais-je, elle me faisait faire des dictées des heures durant. Très à cheval sur l’orthographe et la grammaire. Dorénavant mes lectures furent presque exclusivement françaises. Nourrie à satiété de Balzac, Maupassant, Diderot, j’en passe les meilleurs ( pour moi c’est à dire Dumas père et fils, Feydeau qui me provoquait des fous rires mémorables, Dickens, Agatha Christie, Allan .Poe et autres anglo- américains tous en français ne vous déplaise, la seule langue étrangère qui était à ma portée). Je vais omettre à dessein les auteurs russes , obligatoires Dieu merci, qui m’ont apporté une approche bénéfique de la littérature russe classique. À l’époque les seuls à remplir les rayons des librairies....Sinon, qui peut le dire, on aurait été nourri de Mickey et co. Ça explique que même aujourd'hui le Disneyland ne me dit rien, j’y ai jamais mis les pieds ici ou au USA. Tant pis, un univers pour moi étranger.. À rajouter à mes regrets ? J’en doute.
C’est ainsi que, débarquée des années plus tard en France je me suis aperçue que mon orthographe était plus qu’honorable, pas honte de le dire meilleur même à celui de beaucoup de français que j’ai eu à côtoyer. Vraie aussi à mon arrivée, la remarque des coquins parisiens que je pratiquais un français obsolète, tendance littérature du dix-huitième siècle.
Ça, côté gentillet. La première année parisienne (j’ai eu la chance inouïe de débarquer d’emblée à Paris et d’y habiter un demi-siècle) contribua beaucoup à enrichir mon vocabulaire, surtout celui des conducteurs d’automobiles. À chaque maladresse- et j’en faisais forcément pas mal ne connaissant ni la cité ni les usages non-écrits abondamment pratiqués- j’avais droit à une mise au point genre "connasse" ( ĺà par pudeur j’adoucie et j’écourte l’échange). Si je répliquais, le "rentre dans ton pays connasse" s’en suivait automatiquement. Àpres un laps de temps, assez court je l’admets, mes réactions ont pris un air plus convainquant et les désobligeances ont cessé comme par enchantement. On devient parisien assez vite si on s’y met de bon cœur.
Comme de bien entendu avec quelques efforts (vains) et de miraculeuses relations dûes au hasard (avoir un chien ,surtout de bonne race, habiter un quartier huppé ça aide aussi, autre épopée dont je parlerais à une autre occasion)) je suis entrée dans le monde du travail ! Et là, apprendre le parler parisien c’est gratos ! Ce fut pas pour me déplaire. Je me suis sentie "dans le bain" , vrai ou faux pas de différence.
J’ai oublié de préciser que c’était le début des années 70. Ce que cela a pu changer depuis....
À l’époque plein d’idées romantiques m’habitaient les méninges. J’imaginais les cafés germanopratins peuplés d’écrivains surfant avec brio sur leurs croyances forcément contradictoires, les librairies pleines à craquer de lecteurs avisés, enfin je me voyais plongée dans une bouilloire effervescente dans laquelle j’étais sûre de trouver ma place. Ce fut vrai à moitié. L’effervescence plutôt molle, les vieux de la vieille somnolaient chez les éditeurs pour assurer leurs publications qui rarement faisaient des étincelles. Bref, pour la ramener au réel, mai 68 était passé un peu partout. J’ai découvert avec stupéfaction que c’était une obligation de tutoyer les professeurs eux mêmes partageant pas mal d’idées d’importation toujours idéalisées, souvent mal comprises. Chose curieuse, moi fuyant un pays communiste fermé à toute remise en question de la doxa dominante, retrouvais en abondance les résidus d’une utopie fascinante en apparence et mortifère dans les faits. Un peu effrayée par ces découvertes ( je passe volontiers sur les relations prof-étudiante des fois prenant des accents libertins qui auraient fait pousser des cris d’offraie aux metoobistes d’aujourd'hui ) j’avais décidé que le milieu universitaire ne pouvait pas faire éclore mes idéaux esthétiques. Venant d’où je venais je prenais la politique comme une menace liberticide. J’ai pris mes jambes à mon cou pour quitter à jamais le milieu universitaire et celui de l’intelligetia française de l’époque ( je me demande si ça a beaucoup évolué depuis, peut-être en pire ?!) Par chance j’ai pu vite changer mon fusil d’épaule, le monde des arts plastiques m’ouvrant une brèche et non des moindres.
Ce monde est le plus universel qui soit (avec celui de la musique) donc le moins propice pour un encrage dans une culture spécifique. Et pourtant nul part ailleurs comme à Paris on ne perçoit le rayonnement de l’esprit français, ça je l’ai vite su. Le XXe siècle est une des illustrations les plus évidente. Un nombre significatif d’artistes ont construit leur gloire ici. Je sais, j’en ai côtoyé quelques uns, ils ne concevaient leur vie que parisienne. Mais ce n’est pas avec eux que je suis devenue dans mon âme pleinement française. N’ayez pas l’esprit mal tourné, c’est mes chiens qui m’ont fait battre la belle campagne française, humer l’odeur des champignons dans les forêts superbes et majestueuses. Les petits villages avec leurs églises gothiques, le goût des fromages insolites pour moi.... les bistrots, les gens rencontrés un peu partout, la France est grande , très différente d’un endroit à l’autre. Et pourtant on peut retrouver le même esprit, le même désir de vivre d’une certaine façon, ce que les étrangers appellent " à la française " . Faut le vivre, le sentir, s’en imbiber pour l’absorber et le faire sien.
Lire les classiques, devenir expert en Montaigne ou Camus ne fait pas de vous un français. Cela appartient à la culture universelle et a nourri générations de par le vaste monde. Non, c’est l’âme non le cerveau qui devient français. Et cela ne s’explique pas, cela se vit. Temps, patience, curiosité et acceptation- les clés de s’approprier l’âme de ce pays. De toutes les peuples et cultures d’ailleurs. Une des raisons pour lesquelles je déteste le tourisme. Une partie généreuse de l’Europe que j’ai visitée souvent en touriste m’a laissé des images fugaces, incomplètes dont le souvenir a la volupté de les rendre en partie fausses. On n’échappe pas aux clichés qu’on amène avec nos bagages. Il faut sous peine d’ignorance s’attarder chemin faisant. Mais a-t-on encore le moyen ? Rares sont ceux qui le pratique, on les nomme explorateurs !
Moi j’ai mis un demi-siècle à faire mon trou sentimental , je reconnais que j’en tire une certaine fierté. Pas sûr que les autochtones ressentent la même chose envers moi. L’ habitude de survivre au rejet s’apprend assez vite et cesse tout aussi vite de faire mal. L’âme en ressort fortifiée, sait d’instinct se défendre, les plaies se cicatrisent miraculeusement, se font oublier pour laisser le cœur s’ouvrir pareil au bourgeon aux premiers rayons de soleil.
Cela fait un bout de temps que je prends sereinement tout : la grogne salutaire de ce peuple qui ne cesse de m’émerveiller, les inepties politiciennes, les vagues peu digestes du présent et du proche avenir. Le lointain ne me concerne plus, je serai poussière.
Pour moi cela commençant un hiver, en 1954 plus précisément. À Bucarest, ma ville natale, qui connut cette année-là un hiver mémorable par sa dureté.
Donc, ma famille ayant décidé qu’il était grand temps d’apprendre une langue étrangère - tradition oblige - qui devait naturellement être le français, chercha parmi nos connaissances un professeur adéquat. Et voilà débarquée dans mon univers culturel restreint Tante Violette. C’était une dame d’un âge indéfinissable, certes pas jeune ni vieille non plus, gentille, polie, enfin bien sous un nombre suffisant de rapports pour convenir aux critères admis par notre antourage. Il y avait pourtant un hic et non des moindres. Malgré son insistance à nous répéter qu’elle avait dans sa jeunesse étudié le français à la Sorbonne, ce qu’elle m’a laissé comme bagage linguistique fut plus que mince. Donc, rapidement exit Tante Violette ( on ne saura jamais pourquoi elle tenait à ce prénom, on avait bien compris qu’elle était pleinement autochtone et ne s’appelait aucunement Violette. Je n’oublierai jamais- les enfants sont cruels et ont un sens critique bien aiguisé- ses maigres cheveux grisonnants finissant vers les pointes en une ancienne et défraîchie teinture jaunâtre qu’elle essayait de serrer dans un chignon mal noué. Pauvre Tante Violette, Dieu seul connaît sa vraie histoire et sa fin sans doute tristounette. )
Revenons à l’hiver de 1954. Pour l’enfant que j’étais la neige couvrant chaussée et trottoirs fut une bénédiction. L’école mise en vacances forcées, patinoires gratuites dans les tranchées que tous les
locataires furent obligés de frayer dans l’amas de deux mètres de neige devant chaque immeuble sous peine d’amende salée. Le bonheur d’en profiter nous mettaient les joues en feu et les mains gelées, qui s’en souciait ?
Et voilà que mes parents zélés de me trouver illico une remplaçante à la fameuse Tante Violette m’envoyèrent par ce
temps hostile à quelques stations de tram - une pénible aventure parce que non désirée- voir une autre dame prof qui avait une solide connaissance de la langue française. À un enfant, c’est connu, on ne la fait pas. Ma vigilance en éveil j’avais vite compris que cela l’emmerdait ferme de me prodiguer avec moult patience les rudiments par lesquels j’étais supposée aborder cette merveille de montagne qu’est la langue de Molière. Cependant, pareil à toute la société d’ascendance bourgeoise elle vivotait chichement et essaya par tous les moyens de m’insérer dans la meute plutôt mince de ses élèves. Je pense souvent à cette frêle dame dont j’ai oublié le nom. Une impardonnable ingratitude. Qu’elle soit bénie dans le paradis des profs qui ont su ou non , peut-être par intuition, comment donner à une enfant le désir de s’approprier une langue, une culture, l’histoire d’une contrée lointaine. Par paresse ou lassitude que sais-je, elle me faisait faire des dictées des heures durant. Très à cheval sur l’orthographe et la grammaire. Dorénavant mes lectures furent presque exclusivement françaises. Nourrie à satiété de Balzac, Maupassant, Diderot, j’en passe les meilleurs ( pour moi c’est à dire Dumas père et fils, Feydeau qui me provoquait des fous rires mémorables, Dickens, Agatha Christie, Allan .Poe et autres anglo- américains tous en français ne vous déplaise, la seule langue étrangère qui était à ma portée). Je vais omettre à dessein les auteurs russes , obligatoires Dieu merci, qui m’ont apporté une approche bénéfique de la littérature russe classique. À l’époque les seuls à remplir les rayons des librairies....Sinon, qui peut le dire, on aurait été nourri de Mickey et co. Ça explique que même aujourd'hui le Disneyland ne me dit rien, j’y ai jamais mis les pieds ici ou au USA. Tant pis, un univers pour moi étranger.. À rajouter à mes regrets ? J’en doute.
C’est ainsi que, débarquée des années plus tard en France je me suis aperçue que mon orthographe était plus qu’honorable, pas honte de le dire meilleur même à celui de beaucoup de français que j’ai eu à côtoyer. Vraie aussi à mon arrivée, la remarque des coquins parisiens que je pratiquais un français obsolète, tendance littérature du dix-huitième siècle.
Ça, côté gentillet. La première année parisienne (j’ai eu la chance inouïe de débarquer d’emblée à Paris et d’y habiter un demi-siècle) contribua beaucoup à enrichir mon vocabulaire, surtout celui des conducteurs d’automobiles. À chaque maladresse- et j’en faisais forcément pas mal ne connaissant ni la cité ni les usages non-écrits abondamment pratiqués- j’avais droit à une mise au point genre "connasse" ( ĺà par pudeur j’adoucie et j’écourte l’échange). Si je répliquais, le "rentre dans ton pays connasse" s’en suivait automatiquement. Àpres un laps de temps, assez court je l’admets, mes réactions ont pris un air plus convainquant et les désobligeances ont cessé comme par enchantement. On devient parisien assez vite si on s’y met de bon cœur.
Comme de bien entendu avec quelques efforts (vains) et de miraculeuses relations dûes au hasard (avoir un chien ,surtout de bonne race, habiter un quartier huppé ça aide aussi, autre épopée dont je parlerais à une autre occasion)) je suis entrée dans le monde du travail ! Et là, apprendre le parler parisien c’est gratos ! Ce fut pas pour me déplaire. Je me suis sentie "dans le bain" , vrai ou faux pas de différence.
J’ai oublié de préciser que c’était le début des années 70. Ce que cela a pu changer depuis....
À l’époque plein d’idées romantiques m’habitaient les méninges. J’imaginais les cafés germanopratins peuplés d’écrivains surfant avec brio sur leurs croyances forcément contradictoires, les librairies pleines à craquer de lecteurs avisés, enfin je me voyais plongée dans une bouilloire effervescente dans laquelle j’étais sûre de trouver ma place. Ce fut vrai à moitié. L’effervescence plutôt molle, les vieux de la vieille somnolaient chez les éditeurs pour assurer leurs publications qui rarement faisaient des étincelles. Bref, pour la ramener au réel, mai 68 était passé un peu partout. J’ai découvert avec stupéfaction que c’était une obligation de tutoyer les professeurs eux mêmes partageant pas mal d’idées d’importation toujours idéalisées, souvent mal comprises. Chose curieuse, moi fuyant un pays communiste fermé à toute remise en question de la doxa dominante, retrouvais en abondance les résidus d’une utopie fascinante en apparence et mortifère dans les faits. Un peu effrayée par ces découvertes ( je passe volontiers sur les relations prof-étudiante des fois prenant des accents libertins qui auraient fait pousser des cris d’offraie aux metoobistes d’aujourd'hui ) j’avais décidé que le milieu universitaire ne pouvait pas faire éclore mes idéaux esthétiques. Venant d’où je venais je prenais la politique comme une menace liberticide. J’ai pris mes jambes à mon cou pour quitter à jamais le milieu universitaire et celui de l’intelligetia française de l’époque ( je me demande si ça a beaucoup évolué depuis, peut-être en pire ?!) Par chance j’ai pu vite changer mon fusil d’épaule, le monde des arts plastiques m’ouvrant une brèche et non des moindres.
Ce monde est le plus universel qui soit (avec celui de la musique) donc le moins propice pour un encrage dans une culture spécifique. Et pourtant nul part ailleurs comme à Paris on ne perçoit le rayonnement de l’esprit français, ça je l’ai vite su. Le XXe siècle est une des illustrations les plus évidente. Un nombre significatif d’artistes ont construit leur gloire ici. Je sais, j’en ai côtoyé quelques uns, ils ne concevaient leur vie que parisienne. Mais ce n’est pas avec eux que je suis devenue dans mon âme pleinement française. N’ayez pas l’esprit mal tourné, c’est mes chiens qui m’ont fait battre la belle campagne française, humer l’odeur des champignons dans les forêts superbes et majestueuses. Les petits villages avec leurs églises gothiques, le goût des fromages insolites pour moi.... les bistrots, les gens rencontrés un peu partout, la France est grande , très différente d’un endroit à l’autre. Et pourtant on peut retrouver le même esprit, le même désir de vivre d’une certaine façon, ce que les étrangers appellent " à la française " . Faut le vivre, le sentir, s’en imbiber pour l’absorber et le faire sien.
Lire les classiques, devenir expert en Montaigne ou Camus ne fait pas de vous un français. Cela appartient à la culture universelle et a nourri générations de par le vaste monde. Non, c’est l’âme non le cerveau qui devient français. Et cela ne s’explique pas, cela se vit. Temps, patience, curiosité et acceptation- les clés de s’approprier l’âme de ce pays. De toutes les peuples et cultures d’ailleurs. Une des raisons pour lesquelles je déteste le tourisme. Une partie généreuse de l’Europe que j’ai visitée souvent en touriste m’a laissé des images fugaces, incomplètes dont le souvenir a la volupté de les rendre en partie fausses. On n’échappe pas aux clichés qu’on amène avec nos bagages. Il faut sous peine d’ignorance s’attarder chemin faisant. Mais a-t-on encore le moyen ? Rares sont ceux qui le pratique, on les nomme explorateurs !
Moi j’ai mis un demi-siècle à faire mon trou sentimental , je reconnais que j’en tire une certaine fierté. Pas sûr que les autochtones ressentent la même chose envers moi. L’ habitude de survivre au rejet s’apprend assez vite et cesse tout aussi vite de faire mal. L’âme en ressort fortifiée, sait d’instinct se défendre, les plaies se cicatrisent miraculeusement, se font oublier pour laisser le cœur s’ouvrir pareil au bourgeon aux premiers rayons de soleil.
Cela fait un bout de temps que je prends sereinement tout : la grogne salutaire de ce peuple qui ne cesse de m’émerveiller, les inepties politiciennes, les vagues peu digestes du présent et du proche avenir. Le lointain ne me concerne plus, je serai poussière.
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Pandora
Le 21/11/2023
Première image qui surgit est celle de Ava Gardner montant nue sur le bateau du Hollandais Volant.... Superbe, rien à dire. Le reste (du film) date un peu.... il reste néanmoins une référence pour des âmes romantiques en manque. Et ça, le romantisme, il faut le chercher aujourd'hui. Pas beaucoup de chance d’en trouver ne serait-ce que quelques bribes. Avez-vous remarqué ? Avec l’âge vient non-invitée l’incontinence sentimentale. Chère petite maman, elle était spécialiste tout en riant à gorge déployée sur ses propres larmoyments.
Une autre paire de manches, la boîte de Pandore. Là mes potes on est servi au delà de nos cauchemars les plus fous. Qui l’a ouverte, pourquoi ?. À croire que la terre dans un moment d’égarement a commencé à tourner à l’envers. Personne pour la remettre à l’endroit ?
Tu parles Charles ! Ne jettez pas vos regards dans tous les sens, tout ce que vous aurez c’est un sacré tournis avec nausée et ce qui s’en suit. Le désarroi, la sensation de perte de repères, bref le vrai chaos supposé précéder l’Enfer. On y est dites-vous ? Déjà ? Quand est-ce arrivé ? Mais quand on avait les yeux ailleurs parbleu ! Droit sur l’heure de l’apéro, des nos petites vacances, enfin, vous savez notre vie pantouflarde qui nous a bouffée les méninges.
Vous avez chanté tout l’été et bien dansez maintenant !
Une autre paire de manches, la boîte de Pandore. Là mes potes on est servi au delà de nos cauchemars les plus fous. Qui l’a ouverte, pourquoi ?. À croire que la terre dans un moment d’égarement a commencé à tourner à l’envers. Personne pour la remettre à l’endroit ?
Tu parles Charles ! Ne jettez pas vos regards dans tous les sens, tout ce que vous aurez c’est un sacré tournis avec nausée et ce qui s’en suit. Le désarroi, la sensation de perte de repères, bref le vrai chaos supposé précéder l’Enfer. On y est dites-vous ? Déjà ? Quand est-ce arrivé ? Mais quand on avait les yeux ailleurs parbleu ! Droit sur l’heure de l’apéro, des nos petites vacances, enfin, vous savez notre vie pantouflarde qui nous a bouffée les méninges.
Vous avez chanté tout l’été et bien dansez maintenant !
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