C'est l'heure.... Enfin, peut-être.... Dieu seul le sait si cette petite chose, microscopique, va me choisir comme cible ou pas....Je ne vais pas l'informer de ma santé chancelante, je suppose vu son intelligence qu'elle (plutôt il) est au courant....Pour faire un jeu de mots douteux, c'est à qui courra le plus vite. Pas vraiment préparée, encore moins au top de la forme. Qui vivra -de nous deux- verra, n'est-ce pas ?

Vu d'en haut on a l'impression d'une ruche sur laquelle on aurait pulvériser un insecticide ! Les abeilles, affolées mais bien vivantes ne savent plus quelle direction prendre : sauver la ruche, emporter loin la reine ou chacune pour soi ?! Alors ? Nous comment on fait ? Assommés par des nouvelles contradictoires ou contrariantes vers quel horizon regarder ? Voit-on encore clair ? Vive Afflelou, l'inventeur de deux paires de lunettes pour le prix d'une !

Mes compagnons d'âge êtes-vous sur vos gardes ou prêts à passer l'arme à gauche ? Déjà on a banni le bisou conventionnel, il est grand temps  de sortir les masques, notre Bétadine et passer sur le trottoir d'en face si sur le nôtre il y a plus de deux personnes ! Plus question d'aller au parc et partager les bancs avec des infectés potentiels ! Cinéma ? On n'est pas zinzin quand même ! Pour la bouffe c'est réglé depuis longtemps : entre ce que nos estomacs ne supportent plus et ce que les dents ne peuvent plus mâcher le choix est limite, donc courses réduites vite faites.
Ou alors.... on se prépare au grand saut....Comment ? Allons-y sur la vodka, les farandoles carnavalesques, les câlins à tout va ! Et Dieu choisira les siens !

Un invité qu'on n'a pas invité .... et ce n'est pas un scoop, c'est un virus. C'est drôle, - c'est une impression - chaque fois qu'on déconne, la nature nous tape sur les doigts ...Façon de parler, c'est plus grave....Ils apparaissent de nulle part (plus ou moins) et font le ménage. En douceur mais accelerando.... Je connais des gens qui se méfient à tel point qu'ils coupent au rituel - bidon, automatisme, sans aucune signification sentimentale - du bisou de bienvenue ou de rencontre ! Ils ont raison, on devrait abolir ce geste, réminiscence des temps où c'était un signe de non agression. C'était la poignée franche ou le couteau dans la panse !
De notre temps où les moeurs se sont ramollies, le baiser de rencontre est une coutume inévitable autant qu'hypocrite. On n'aime pas forcément celui qu'on embrasse d'une moue tortillée - pas touche - quand ce n'est pas carrément feint  !
Vive les virus qui mettent les choses à l'endroit ! Tant que cela ne nous attaque pas directement, n'est-ce pas ?

Non, rien de noble ni de référence historique dans celui-ci.... Tout simplement j'ai rêvé qu'une partie de ma famille est venue de l'au-delà  me rendre visite. Avec armes et bagages. Je cherchais désespérément où les caser, j'ouvrais des armoires anciennes vides, je montrais des chambres exiguës, je tournais en rond sans solution....Ce que je voulais par dessus tout c'était leur inculquer le virus de l'Amour de Paris en leur intimant d'aller sur les quais de la Seine pour tomber sous le charme des vues "carte postale".... Raconté ainsi le rêve non seulement n'a ni queue ni tête mais paraît débile. Pour un psy - a piece of cake - je languis après ce que j'ai perdu et il s'avère que ce n'est pas des êtres mais des paysages.... Ils sont sculptés dans ma mémoire à coups de pioche et basta !
À quoi on s'accroche quand le présent n'existe pas ? Ma vie actuelle est un grand vide que je m'applique à remplir avec des bêtises enfantines. Pathétique. J'assoupie mes regrets, mes nostalgies, mes souffrances physiques même avec l'idée que ce sera bientôt fini. J'y travaille inconsciemment d'ailleurs en prenant soin mollement, très mollement de ma santé. Avec des coups fourrés des fois en forçant sur des interdits qui font mal. Hypocrite en diable ! Au moindre soupçon de maladie je fais comme tout un chacun, je cours voir le toubib quitte à ne pas suivre à la lettre ses injonctions.
Voilà, j'oscille entre peur et dégoût en jouissant de menus plaisirs sans vergogne. Comme tout le monde, vous dis-je.
Va pleurnicher au soleil ma vieille, avale ta honte drapée dans un sort plus que clément et ferme ton clapet ! Avoir des souvenirs des plus beaux endroits du monde c'est une chance en soi! J'aurais pu les avoir du Pétaouchnok, non ?