Vu un reportage poignant sur des cas limite, ou carrément fatales partout en Italie.  Prend-t-on  en ces moments la mesure de la valeur de la vie ? Je sens ma honte descendre en dessous de la souffrance des gens contraints à composer avec un ennemi inconnu et ravageur....moi en vie, apparemment valide, calfeutrée dans mon trou comme une taupe.
Sensation hamletienne : le reste est silence....

Nos oreilles se bouchent de tant de recommandations, interdits, explications, j'en passe tellement mon entendement est tiré à hue et à dia....
Rendons à César son dû : on se bat contre un nano-microscopique virus qui se rit de nos décisions, nos agitations ridicules, plus grave que tout notre nonchalance.... Chez moi les restos sont pleins, les gosses piaillent dans le parc, les amoureux continuent à se peloter sur les bancs publics à la joie posthume du grand Georges (Brassens si le nom ne vous revenait pas). Enfin jusqu'à aujourd'hui. Parce que notre père de la nation a parlé. Bon sens, conseils paternalistes, promesses de remboursement aux pertes économiques afférentes. Excellente méthode pour nous faire rentrer dans le rang des nécessités et des urgences. La sagesse a parlé, le gérant a parlé, le politique aussi.
Conclusion : prenez vos masques (de carnaval, des autres il n'y a en pas pour le moment), votre crayon, votre gel et trottinez pour voter en priant le Bon Dieu de nous éclairer le chemin zigzaguant entre les virus.... Ah ! Ils doivent bien se marrer les minuscules en essayant de choper au passage un petit vieux ou un malade déjà sous oxygène !
Ma vieille, toi qui fais partie du contingent, tu n'as pas le droit de rigoler. Ou alors c'est que tu l'as bien voulu comme disait l'autre Georges, Dandin de son nom ! Allez, je vais faire quand même mon devoir de citoyenne ! Advienne que pourra !

Qu'avant de mourir toute votre vie se déroule devant vos yeux , enfin devant votre mémoire affective en quelques secondes ou quelques heures.... quand vous êtes à l'article de la mort le temps prend d'autres dimensions...
Moi ça m'arrive souvent et de plus en plus...serait-ce un signe de l'au-delà ? Il est temps de te préparer ma grande ? Ou tout simplement je suis une vieille qui déballe son armoire de vieilleries en souvenir des temps passés ? Sincèrement ? Je crois, du moins je l'espère que je m'ennuie... Au lieu de lire comme quelqu'un qui veut encore apprendre, avancer dans la connaissance des choses, je végète et je me rappelle... qui je fus, ce que j'ai pu voir, entendre, assimiler. En attendant de tout vomir, excusez, rendre mais à qui ? Les oreilles disponibles se font rares pour ne pas dire exténués de mes récits qui ont tendance à se répéter comme un vieux disque usé....Ah ! Le temps ! Mon ennemi éternel ! Encore un répit  s'il te plaît !
Pour quoi faire ? Me répond-il ....

Voilà qu'on est privé du dernier James Bond ! C'est le scoop du moment, que cela vous plaise ou non....De là à mettre tous nos plaisirs en quarantaine ou quinzaine plus exactement....
La plus stupide des suggestions c'est celle de se saluer en se touchant les coudes. Il n'y a pas de geste plus ridicule, plus dénué de sens, plus hypocrite et plus incommode par dessus le marché ! Vous, je ne sais pas mais moi je me refuse à le faire quitte à passer pour une snobe ou une cruche antipathique. J'y survivrai. Surtout que je ne suis pas vraiment concernée restant allongée comme un lézard non pas au soleil mais sur mon lit en bonne dame âgée qui préfère la chaleur douillette du gaz de sa chaudière aux rayons maléfiques de l'astre souverain. Du coup je me dis que...mourir peut attendre le mois de novembre. Moi ou James ?

Où es-tu ? Je l'espère de toute mon âme que tu te promènes bras dessous bras dessus avec Père, que les Anges chantent votre amour qui désormais est entré dans l'éternité.... Rien ne peut troubler votre bonheur puisque le RIEN vous entoure et vous protège. Avez vous jeté les hideux habits de la vieillesse et de la mort pour redevenir jeunes et beaux portés par un vent printanier dans votre voyage sans fin ? Loin de nous, loin de moi...en souffrance, en manque...
Mon amour pour vous durera le temps qu'il me reste et se réjouit de votre paix que je crois, j'espère lumineuse ! Je vous promets de ne plus compter vos années, vous êtes en dehors du temps terrien mais en dedans du TOUT. Soyez bénis pour avoir existé pour moi aussi longtemps que vous avez pu et qui sait ? Un jour ? Aurais-je la chance de vous rejoindre ? Pourtant je ne voudrais troubler votre fusion absolue, je serais là, quelque part en retrait comme je le fus ici bas vivant à côté mais partageant pleinement votre bonheur. Haut le coeur ma fille, c'est faisable et dans pas trop longtemps....