Petit préambule : chaque peuple prend un malin plaisir à écorcher les noms qui lui sont étrangers. Ma mère par exemple s'appelait -étant russe d'origine- Galina. Dans sa vie pleine de péripéties elle passa par plusieurs contrées. Nulle part on ne l'appela Galina. Le plus souvent Galia ou plus mochement -voulu ou non- Galea....Je sais qu'en Russie le bas peuple utilise cette forme mais maman n'en faisait pas partie.... Toute petite j'ai décidée donc de l'appeler Pusi. Jamais Galia ou maman. Ce fut ainsi.
Depuis que j'ai hérité presque en entier ses bobos, je me rends compte que je lui ressemble de plus en plus.... les mêmes doigts déformés, l'impuissance de marcher ou rester debout plus de quelques instants, les mêmes gestes, à contre-coeur j'ai commencé à penser pareil lui donnant à posteriori raison sur tout. Bref, je deviens elle pas de doute la-dessus. La seule chose qu'elle oublia de me laisser ce fut son  charme, son charisme. Je manque de pot, ce n'est pas un scoop.

P.S. Dali trouva une autre astuce pour sa Galina. Se prenant pour Dieu comme à son habitude il lui créa un nom sur mesure : Gala ! Unique, inexistant ailleurs. Et rappelant le moins possible l'originelle Galina qu'elle n'a jamais voulu être. Sacrée veinarde ! Elle détesta tellement sa fille (papa supposé ha ha ! Paul Eluard) que cette dernière que j'ai connue  ne lui ressemblait pas du tout !

Oui j'en rajoute à bon escient.... le rosier dont j'ai écrit avant me donne en cadeau une merveille presque tous les jours : une rose splendide, rouge vif qui remplit mes yeux , mon odorat et  mon coeur d'un bonheur immédiat ..... Et pourtant le  lendemain je la regarde, elle "a vécue ce que vivent les roses l'espace d'un matin" . Les poètes sont des philosophes en version courte, ils disent en deux mots toutes nos détresses et notre faiblesse devant le Divin. Et pourtant ce pauvre rosier qui est dans mon jardin depuis des lustres, qu'on a pas trop choyé en soins et attention, nous bénit selon ses pouvoirs limités, de fleurs magnifiques. Simplement, sans demander quoi que ce soit. Comme ça, de temps en temps la Nature nous fait des cadeaux. Pas des idées derrière, simple, sans contrepartie. Est-ce que je dois lui dire merci ? L'ardoise pourtant ne pèse pas en sa faveur.... En mortel que je suis je la salue au passage mais j'en pense pas moins.

Pour moi il y a confusion, notre planète survivra à ce que les écologistes et comp. nomme la Nature. La terre (terminologie générique, il y a infiniment plus d'eau que  de terre ferme ) a existé avant la Vie et j'en suis sûre, lui survivra. La Terre est neutre, en plus elle a sa propre destinée qui dépend des lois universelles ou du bon vouloir des Dieux c'est selon.
La Nature est un terrain d'affrontements atroces sans peur et sans pitié. On en sait tous quelque chose. Pas de paix pour les braves ni pour les autres.
J'assène des vérités premières parce que mon coeur est meurtri, pour la énième fois. Ça va vous paraître ridicule, hier j'ai trouvé dans mon jardin un petit oiseau tombé du nid. Il n'arrivait pas à reprendre son envol, ni avait la force pour le faire. Je l'ai pris, commencé des recherches (pas très calée en espèces sauvages) de sauvetage, nourriture, etc. J'ai fait le nécessaire, il survécut juste une nuit malgré mes soins. Vous pouvez penser ce que vous enseigne votre coeur et votre propre expérience : qu'il y a surtout ces jours ci des drames humains épouvantables, que ce n'était qu'un petit oiseau ordinaire , il y en a des milliers....
Je m'en fiche de tout cela. Je l'ai tenu dans ma main, senti son minuscule coeur battre, il s'était agrippé à mon doigt pour ne pas tomber ( dans ma tentative de lui réapprendre le vol). Il avait mis son sort entre mes mains mais cette satanée Nature avait déjà décidée d'écourter sa petite vie. Il m'a quitté, sagement allongé dans la cage de fortune conçue pour le protéger des autres, prédateurs  ou accidents. Je l'ai enterré à côté d'un rosier rouge, puisse-t-il n'avoir plus à lutter contre toutes les épreuves qu'il aurait eu à subir....Mes joues en larmes, mon  cerveau refusant encore et encore notre destin commun, pauvres mortels. Tous, lui y compris. NON, dans ces moments injustes je hais la Nature. Je ne veux pas lutter pour elle, je me sais vaincue d'avance. Alors aujourd'hui je lui dis merde !

De regarder la mort en face ? Et bien, je l'ai sue.... Un accident de voiture cela arrive si vite qu'on ne se rend compte ni de la situation, ni de ce qu'il faut faire pour l'éviter. On agit en pilote automatique... Dans mon cas ce fut l'ange gardien qui tira sur le volant salvateur. Un vrai miracle, la voiture n'a eu que quelques marques de frottement, même pas de réparation à faire.
C'est après, longtemps après que le film se déroula sous mes yeux intérieurs. Une horreur. On roule tranquille, il fait nuit, la musique est douce dans la cabine et un flash : les ailes de la mort ( pourquoi des ailes ? Je suppose parce qu'elle vous emporte en volant peut-être ) sous la forme d'une barre de fer et des caisses en bois par dessus. Plus tard j'ai réalisé que c'était une remorque tirée par un tracteur qui m'a paru énorme, un monstre froid, roulant cahin caha sans lumière le signalant de loin. Il a eu la bonté de mettre de gros pare-chocs en caoutchouc sur lesquels j'ai glissé. 
Mais la mort je l'avais vue, quoi. Aussi simple que ça. On peut mourir vite n'importe quand, n'importe comment. 
Voilà ma leçon. La première aussi nette, aussi  périlleuse. On peut dire que je l'ai échappé belle. Cette fois-ci. Fais gaffe ma vieille, elle rode,  je sens....

Wilde bien sûr....Tant d'épigones qui ne t'arrive pas à la cheville...
C'est moche de médire des copains, surtout si on les a traîné avec soi de longue date....
Il arrive un moment dans la vie, si on vit assez, où la morale, le fair-play si vous voulez, change de cap. Peu d'amitiés résistent à cette épreuve. Enfin, en ce qui me concerne....
Me voilà au carrefour avec une personne, on c'est connu il y a si longtemps que les circonstances n'offrent plus aucune garantie de qualité. Je veux dire, on ne s'est pas choisis, cela compte je m'aperçois aujourd'hui.  Le hasard de la vie faisant, on se voyait avec intermittence, je crois que cela a sauvé la relation. Pas le temps de trébucher sur le ridicule ni sur le superficiel du personnage. M'éloignant un peu ( il en faut pas beaucoup puisque c'est très transparent pour qui a un regard objectif) je vois sa silhouette qui singe le dandy de notre époque, donc un être suranné tout en se voyant dans l'air du temps. Acte, les qualités morales ne sont ni demandées ni incluses.
Un petit, tout petit Oscar Wilde qui aurait perdu presque tout de son ancêtre sur le chemin du temps : l'élégance, la bonne éducation -la vraie qui épargne aux autres ses travers en cachant aussi ses mesquineries- le sens aiguë pour éviter le ridicule,  bref savoir se faire accepter voire admirer pour ce qu'on est. Ce dandy en ombre chinoise garde seulement les faiblesses du personnage le menant droit au risible, à l'imitateur sans talent.
Malheureusement le cas échéant c'est plus grave.... Derrière le décor il y a le vide des sentiments. Je veux être juste, à ma grande stupéfaction,  c'est de deux côtés, le sien et le mien le concernant. Serais-je rancunière ?
J'ai des griefs, justifiés par le bon sens et la bonne éducation, pas celle qui nous apprend à bien se tenir à table, mais celle qui nous impose le respect de l'autre dans ses sensibilités les plus profondes, éternelles.
Une page que je tourne ou une nouvelle expérience  de la versatilité humaine ?
Tout compte fait, je regrette le Oscar Wilde, le vrai, l'intelligent, celui qui a vraiment compté dans notre imaginaire planant un peu plus haut que nous, les mortels ordinaires.
Pardon Oscar de t'avoir associé avec cette personne qui ne peut pas rêver à te ressembler quoi qu'il fasse...D'ailleurs pour le dédouaner, il ne semble pas conscient où il met ses pieds....
C'est tout, c'est triste....ça passera vite, encore plus triste. Cela comptait pour des nèfles.