Une bonne et chère amie m’incite à raconter leur histoire.  Je sens que ce serait  indécent.  Ce fut leur histoire,  pas la mienne.  Maman qui avait survécu à mon père m’a fait jurer de brûler leur correspondance,  sûrement des lettres pleines d’amour et de futilités qui renforcaient  la merveilleuse complicité qui les a uni. Donc j’ai obéi. Point.
Par contre entre ma mère et moi, notre histoire à nous je n’ai eu aucune consigne. Mon cœur est encore saignant de sa perte, pas de recul possible pour émettre le moindre jugement.  Et pourtant.... Des bribes qui surgissent impitoyables me perce la mémoire,  pas toujours idylliques. Ça ne fait  rien, j’ai la peau endurcie, ce sera pour  un autre jour.... si je vais avoir le temps. Le temps des souvenirs  qui ont fait mal, le temps  des complicités, le temps  d’une inexplicable et solide amitié  qui nous a unies au-delà des liens classiques mère-fille. 
Dors tranquille ma bien-aimée,  je tiens le bon bout  pour finir notre histoire en beauté. 

La bonne blague ! Est-ce qu'il était parti ce satané covid  ? Pour qu'il revienne la 5ème fois ? Ras le bol des bla bla,  des manifs,  des rappels pour ne pas oublier les rappels,  tout cela me fais tomber en enfance. On serait tous des imbéciles irresponsables ? Paraît que oui..... On n’est pas à un délire près... Une nouvelle langue ? Un nouveau  genre ? 
Vite,  que je me tire, cela tourne à la folie collective ou à une fuite  vers le néant ! Mais le néant pour moi c'est déjà prévu !

Mais qui m'écoute ?! Oh la faiblesse humaine...
On ne peut pas résister aux tentations....alors on touche le plafond de verre, du bois, c'est encore mieux si on ne mord pas la poussière....
Pourquoi Bon Dieu se jeter dans la fosse plutôt septique que pullulant de lions...quand assis confortablement dans son fauteuil de scribe on peut jeter des tomates et des œufs pourris sans mouiller la chemise ?
Avec quelle facilité on croit avoir un destin national ... Les Grands Hommes sont une sacrée exception et de nos jours se font de plus en plus rares. 
Bon, qui vivra verra. Comme disait Coluche je me marre, je me marre...Ne me jetez pas la pierre, avez vous une idée, une vraie, une bonne ?

Que je vous explique : je viens d'un pays  ( où j'ai fait des études assez poussées) qui nous a appris à penser comme les perroquets. Répéter à satiété la pensée officielle.
Là j'arrive ici ( il y a belle lurette) et d'un coup je me sens submergée par des forums tous azimut.  Je ne mentionne même pas mon passage éphémère par une école de prestige fortement politisée ( on était juste après mai 68)quoique  c'est là que j'ai eu mon premier choc d'admiration. Bien des années après je reste tout aussi ébahie par le règne absolu de la Parole !
Sur tout et n'importe quoi, on parle d'abord, on parle surtout. Avec aisance, avec fugue, avec ou sans vrais arguments, avec ou sans vision objective, avec passion, avec débordements, avec violence, avec mauvaise fois, avec le droit du plus fort en gueule, avec le droit de lui répondre, bref on parle, on discute, on se dispute. Ça me laisse pantoise ! Parce que depuis le temps que j'ai la gueule ouverte d'admiration devant ces joutes je n'ai pas vu beaucoup d'actes, de conséquences de celles-ci. Patience, ma vieille, enfin si tu as encore un brin de vie devant toi.

Du coup les moineaux volent bas, de plus en plus bas...
Vous ne le saviez pas ? Quand l'air est humide les ailes des mouches sont lourdes et donc pour les gober il faut descendre bas. Oui, bas mais pas dans les bas fonds quand même.... Ce que je vois et entends depuis peu cela dépasse ma résistance à la bassesse, des mots, des injonctions, des idées. Quelles idées déjà ?
On est loin du temps béni des bulles puantes....On sort des rayons poussiéreux les bonnes  vieilles recettes des dictatures qu'on croyait enterrées. Vite, que je me taille vers les vertes prairies du Paradis, le mien cachée dans ma pelouse fraîchement tondue sentant la terre nourricière.