L’être humain s’adapte  à tout ou à peu près.... Ce moment charnière où je me trouve malgré ma volonté farouche de rester coûte que coûte sur place provoque soudain un souffle de vie d’une force presqu’effrayante. Oui, je me sens vivante,  j’avais oublié cet état euphorisant quand tout  semblait possible,  même l’immortalité. J’exagère, c'est évident.  N’empêche. Oubliées les peurs, les images décevantes que me renvoyaient mon miroir,  aux chiottes  les noires pensées de fin de monde, mon monde of course ! Me voilà  de nouveau parmi les vivants.  Pourvu que ça dure...la maman de Napoléon en savait quelque chose....

Ça y est, j’y suis....catégorie 4e âge.  Enfin, je crois que c’est  ce qu’on dit quand on arrive aussi haut ou aussi bas, c'est selon. Un choc qu’il faudra digérer. Quoique question digestion c'est devenu problématique. Comme d’autres désagréments. Je trouve drôle que justement quand on a  le moins de forces on doit ferrailler avec ces soldats déguisés que sont les maladies. Je ne me sens  pas prête pour rien de ce que se prépare en cachette, à mon âme défendant. 
Qui vivra verra.  Bien dit.

J’ai presque peur.... demain je saute dans une autre décennie....la dernière peut-être ?! Si j’y pense sérieusement c'est terrifiant.  Troisième,  quatrième âge  ? Mon âme crie au secours,  pas prête,  pas envie....Je traîne encore  des rêves de jeunesse,  des désirs non assouvis.  Mémoire non pleine,  il y a de l’espace pour des contrées lointaines, des rencontres ratées, des "unfinish business".... Si Dieu me prête vie sera dorénavant ma devise.  Triste, non ?

est à la démolition.  Ça a commencé par les vêtements.  Jeans troués, pull trop long ou trop court,  jupe raccourcie à la portion congrue.... Et puis on s’est attaqué à l’histoire de la littérature pour continuer sur l’histoire tout court. Plus on avance plus on démolit. Immeubles, statues, villes pourquoi pas ? 
Dans le magasin où  je travaillais - il y a bien longtemps- un petit  bonhomme taciturne  en train  de faire le ménage  fit cette remarque cocasse en voyant à travers nos vitrines des gens  sur le trottoir  : ils courent, ils courent....ils vont dégringoler de l’autre côté ! Philosophe à ses heures le bonhomme !
Je suis  à un point où je ne comprends plus quel sera cet autre côté....  Moi, cela n’a aucune  importance,  hors jeu et vieille casserole...Dire que je m’inquiète pour l’avenir serait mentir. Quoique....je n’ai pas perdu  ma curiosité.  Pourtant je n’aime pas trop les surprises.  Comprenne qui pourra.

Vous avez remarqué  ? Les bons films français de notre jeunesse qui nous ont tant fait rire ou pleurer sommeillent tristement dans les rares cinémathèques.... A la télé, point. Suis-je nostalgique,  la seule à pleurer leurs absence ou  vous l’avez senti aussi  ? On nous abreuve,  ah ça oui, des séries autochtones ou étrangères,  des films  de troisième zone sans provenance définie mais sur un schéma toujours pareil,  ma saturation n’est  pas loin.
Je n’ai pas d’explication...vous ?