Ceux qui l’ont enterré trop vite sont tombés de très haut.  Le mallorquin est pétri d’une autre pâte, celle des super héros comme  il y en a de moins en moins. Un héros de l’Antiquité,  fait de droiture , courage, humilité, vainqueur surtout de ses faiblesses. Il lutte souvent contre soi-même,  jamais essayé  de jetter son fardeau sur d’autres épaules. Cela va de pair avec la générosité du partage. Respecteux des adversaires qu’il vainc, humble dans la gloire qu’il considère toujours perfectible. Fidèle dans l’amitié même quand cela n’est pas un avantage. Pas peu, hein ?
Je n’arreterai jamais de lui crier mon admiration. Par bonheur  nous sommes un certain nombre. 

Chacun réagit à sa façon.  Non ignorante des horreurs que les intérêts abscons mènent les dirigeants vers des catastrophes annoncées, j’évite d’en parler à bon escient.  Je souffre  de voir des frères s’entretuer poussés par la malveillance dominante.  Donc je garde le silence,  mon bavardage ne servira à rien. 

Tiens,  je parle tennis pour une fois.  Un jeune boutonneux du talent pleine la besace hante depuis peu les tournois. Le peuple est versatile,  c'est connu.  Du coup aux chiottes les anciens.  L’inusable Djoko ferraille pour rester encore numéro 1,  l’adorable idole Rafa Nadal essaye de surnager à ces innombrables bobos mais l’enthousiasme du public n’y est  plus. Les yeux  rivés sur le prodige à peine sorti de l’adolescence,  les dames (les hommes aussi) se pâmment et s’épuisent en cris et applaudissements.  Du coup  le jeune homme se voit juché sur le trône de l’absolue célébrité, montre ses poings et ses muscles à chaque coup gagnant,  regard foudroyant vers ses adversaires. Pour le moment  ça marche. On a un nouveau Roi, quoique presque imberbe mais tenant sa fraîche couronne d’un aplomb insolent. 
Pour la faire courte il ne m’est pas sympathique.  J’espère que les anciens  vont lui tenir la dragée haute, les leçons  de la vie ne sont pas un long fleuve  tranquille. 
Vous vous dites voilà là vieille qui en veut à la jeunesse triomphante. Possible.  Mais rira bien qui rira le dernier. 

Demain c'est jour de transhumance.  Adieu la ville,  la bienvenue campagne sera au rendez-vous.  Pourrais-je en profiter pleinement,  question douloureuse dont je subodore la réponse.  Malheureuse,  aucune formule magique  pour ’oublier l’outrage des années. Elles ont consciencieusement travaillé  pour exploser corps et mental. Inutile de rappeler qui a gagné  et encore haut la main. Mimer la joie ? Jamais je ne fus forte à ce genre de sport. Plutôt mauvaise joueuse, je rêve d’une impossible victoire contre le temps. Tu parles si demain je vais la trouver au rendez-vous.  
Allez, ramasse ta carcasse pourrie et avance. De toute évidence il n’y a pas de rebrousse chemin....

Qui n’en sont pas .....Là on voit que personne  ou à peu près ne croit plus à rien. Enfin dans notre monde qui rétrécit à  vue d'œil.  Ce qui est plus que triste c’est  qu’on s’en fiche , vieux et jeunes, on regarde tout par l’autre bout de la lorgnette. Ou alors on se dispute âprement le sexe des anges ( ou des nouveaux nés, c'est selon). Suis-je prête pour digérer ce chamboulement ?  Nostalgique ou déjà  momifiée....je bloque  quelque part... Temps  de foutre le camp  ? Heureusement personne pour pleurer,  souffrir ou regretter mon départ.  Cela se fera en catimini et la terre tournera encore et encore  autour  du soleil. Bah...