C'est vrai, je n'arrive pas à réaliser que j'ai sauté - à cloche pied c'est le cas de le dire - dans une autre année (depuis ma naissance). Autrement dit c'est mon anniversaire, encore une. Cela commence à peser lourd ! Ce qui est le comble c'est qu'on est toujours seuls à les porter (les années je veux dire). Aucun proche n'y peut rien, plier en deux sous le poids des siens. Une armée de bossus se traînant vaille que vaille d'un endroit à un autre ou tournant en rond, qu'importe, la fin est la même. Pas de suspens, prévisible, attendue, redoutée. Et pourtant une parfaite inconnue. En ce qui me concerne elle n'est pas la bienvenue, mais va savoir....

Aujourd'hui - 70 ans de la libération du camp d'Auschwitz...Je me demande ce que les yeux et l'âme des soldats russes ont vus et ressentis... Cela a dû être terrible des deux côtés....Les rescapés incrédules, les libérateurs stupéfaits... L'horreur absolue qu'un humain peut faire à un autre, au nom de quoi ?  Depuis le temps il y a eu mille explications, exégèses, repentirs, colères...mais je n'arrive pas à concevoir qu'un peuple (allemand) puisse faire cela, accepter, concevoir... Cela dépasse mon entendement... Le vôtre ?

 
Ouvrez la lanterne magique, appuyez sur n’importe quel bouton, vous verrez sans défaillir deux sortes de propos :

 Catégorie doux rêveur – il y en a plein ! Et ils ont le vent en poupe depuis que l’incitation «  vas te faire voir chez les grecs » a été prise au pied de la lettre ! Tant le besoin des gens de rêver est fort qu’ils essayent à tout prix de faire du neuf avec du réchauffé…On a la mémoire courte et à bon escient. C’est compréhensible, honorable, bon enfant. Réaliste ?! C’est une autre paire de manches. Va falloir les retrousser de toute façon et quoiqu’on pense.

Catégorie sombre pessimiste – cela va généralement avec la vieillesse. L’âge venant, les expériences mâchées mais non-digérées incitent au catastrophisme. Pas forcément vieux mais vieilli par l’amertume, le pessimiste dore le passé et noircit l‘avenir.

Ce qui est amusant c’est que personne – à part Cassandre – mais elle n’a jamais eu de poids politique ! – n’a été dans le vrai avec les prévisions. La vie est comme le mercure des anciens thermomètres : une fois libérée elle courre dans tous les sens, imprévisible, incontrôlable, empoisonnante  et brillante à souhait.
Alors ?! Oust ! Un bon vieux film avec happy end et dodo ! C’est pas de propos de vieux ça ?!

Il y a quelques décennies lors de la chute du mur de Berlin je n'ai pas raté l'occasion de me faire traiter d'idiote par un "fonctionnaire de l'art" comme je les nomme (je m'explique : il y a des artistes, des vrais, pas toujours des génies mais qui ont ce don miraculeux de changer un morceau de vie en chef d'oeuvre et les autres dont l'art est un métier, sans plus).
J'avais osé affirmer que contrairement à Fukuyama, je ne croyais pas à la fin de l'Histoire qui n'est et ne sera jamais un long fleuve tranquille ! Le personnage en question en bon américain d'importation qu'il était se croyait obligé d'être un authentique anticommuniste et le prouvait par force ricanements concernant ma stupidité à refuser de voir enfin le triomphe du capitalisme tous azimuts !
J'avais mes doutes forgés lors de mon passage par l'utopie en question. L'homme sera toujours le même, il voudra le mieux pour le mieux quitte à rabaisser le voisin ou pourquoi pas sa mère pour l'obtenir. On est comme cela et tous les rêves aussi improbables soient-ils auront leur chance à tour de rôle ! Rien ne meure complètement dans le monde des idées. Encore une fois - peut-être mon âge aidant - je revois des fantômes connus circuler avec aisance d'un monde à l'autre pour trouver - et ils trouvent - des oreilles attentives et des âmes pour s'y loger. Pour ma part je trouve cela normal. Pas vous ?

Comme de l'eau de Rochas ! (toujours le mot pour rire, hein ?!) Tous ces petits, insignifiants discours sur la fatalité des événements à venir... C'est clair, je quitte le monde des malades pour celui des moyennement bien-portants et je constate effarée que - ça y est - à mon tour je suis prise à la gorge par la peur de mourir...Ces pleurnicheries sur les disparitions successives - inévitables hélas ! - masquent de plus en plus mal ma peur à moi qui derrière le rideau de  fumée habituel pointe l'horreur : eh oui, ma chérie, tu vas y passer comme tout le monde à la trappe ! Glisser du "moi existant" aux oubliettes des has been (et encore, pour être un has been il aurait fallu être quelqu'un !) tout doux dans l'indifférence unanime c'est brut de coffret ! Et alors ? Je ne sais plus (j'ai dû lire cela quelque part) si le nombre des vivants sur la planète a dépassé celui des morts depuis la nuit des temps ou l'inverse...Si je m'en fous...