Il n'y a  pas si longtemps j'avais pris l'Eurostar pour Londres.  C'est bien Londres,  on est à l'étranger à deux glissades de rails de chez nous. Le thé à 5 heures, les pulls cachemire,  les Beatles, la Tour de Londres,  les chapeaux de la Reine, quels délices !
Je ne sais pas par quel tour de passe-passe Le Tunnel a changé de carte postale. Un gouffre,  un piège, un lieu de bagarres et d'espérance,  un fourre-tout.... Le bout du tunnel ? Vous savez, les souvenirs (assez vagues) des gens qui font l'expérience de la mort....La lumière au bout ?  Allumée par qui ?

Quand j'étais enfant on m'interdisait de jouer avec des allumettes ! En bonne petite j'avais toujours obéi. Résultat,  je ne fus jamais ce qu'on appelle communément " une tête brûlée"...
Aujourd'hui  j'ai l'impression qu'on vit - que dis-je - qu'on suit des gens assez mal élevés.  Non ?

Rien de rien...Je ne comprends plus le monde.  Et pourtant les exégètes s'egosillent en explication ! En veux-tu en voilà !
Nos ennemis sont nos alliés,  nos amis sont devenus ennemis,  nous nous unissons pour mieux nous desunir, nous partons à la gué guerre tout en pleurant les victimes semées avec la générosité des bien-pensants.
Croyez-vous que je parle de la planète ?! Détrompez-vous ! Je parle de mon voisin qui prête son terrain à un voisin plus éloigné qui y deposa sans âme et sans reproche deux pauvres bêtes - un âne  et une jument - sans nourriture,  sans toit contre la pluie,  sans eau, sans rien. Ce voisin que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam je suis sûre pourtant qu'il a voté pour l'indépendance.  Pour celles des animaux aussi ?

Cependant. .. ce n'est pas si facile de vivre ce qui valse à la vitesse de l'éclair du petit bonheur au cauchemar trivial.... Faut des reins solides.... On ne les a pas tout le temps. ...
Je demande pardon à Dieu et -comme solution - je fais appel à la  chimie. .. Comme tout le monde !

On la connaît tous pour l'avoir dite ou subie .... Je vis une épreuve innommable en accompagnant,  soignant, L'être qui nous est cher entre tous.... La pire est l'attente.... encore et encore. Sans aucun repère,  sans aide aucune parce qu'impossible ! Et c'est là que la connerie de la gentillesse intervient : je sais, je sais,  il n'y a que de bons sentiments...
Mais entendre à vous rendre nauséeuse : "profite de chaque instant,   vous êtes encore ensemble,  bla, bla, bla" cela me coupe encore une petite tartine de mon coeur déjà saignant... Si on savait,  si quelqu'un savait comment peut-on profiter la peur au ventre,  face à des souffrances terribles,  pire au spectacle de la peur d'en face ?
Ma reconnaissance et mes excuses à tous qui veulent dire quelque chose de sensé en oubliant que ce n'est pas faisable, qu'on n'a pas trouvé de remède à la sortie programmée et que Dieu ou le Diable se joue de notre frousse ancestrale en nous offrant chichement quelques moments bonus. Je lance ma bouteille à la mer dans laquelle j'ai mis mon hurlement !